Juridique

Pour le Cigref, Broadcom va ponctionner indï¿½ment 15 Md€ sur l'ï¿½conomie europï¿½enne en 2 ans

Lï¿½Union europï¿½enne a validï¿½ le rachat de VMware par Broadcom. Le Cigref et trois autres associations de DSI du Vieux Continent lui demande maintenant de mettre fin aux dï¿½sordres engendrï¿½s par cette opï¿½ration. (Photo : NakNakNak / Pixabay)

Le club franï¿½ais, rejoint par trois autres associations de DSI en Europe, demande ï¿½ Ursula von der Leyen d'intervenir face au dï¿½sordre engendrï¿½ par le rachat de VMware par Broadcom.

Publicitï¿½Avec trois autres associations de grandes entreprises en Europe, le Cigref sollicite l'intervention des pouvoirs politiques pour mettre fin ï¿½ ce qu'il qualifie de ï¿½ dï¿½sordre sur le marchï¿½ de la virtualisation ï¿½. En cause bien sï¿½r, Broadcom, qui a mis la main sur VMware, et dont les comportements sont jugï¿½s ï¿½ inacceptables ï¿½, par le club hexagonal ainsi que par le Beltug belge, la CIO Platform Nederland aux Pays-Bas et Voice en Allemagne. Ensemble, les quatre associations, reprï¿½sentant plus de mille grandes entreprises europï¿½ennes, demandent ï¿½ la prï¿½sidente de la Commission europï¿½enne, Ursula von der Leyen, ainsi qu'ï¿½ plusieurs responsables politiques franï¿½ais et europï¿½ens de prendre des mesures d'urgence. ï¿½ De tels comportements nï¿½cessitent des interventions politiques et ne doivent pas ï¿½tre laissï¿½s aux seuls techniciens du droit de la concurrence ï¿½, ï¿½crit le Cigref dans un communiquï¿½, appelant la Commission ï¿½ exprimer son point de vue sur cette situation rï¿½sultant du blanc-seing qu'elle a accordï¿½ ï¿½ Broadcom, en validant le rachat de VMware, et ï¿½ l'ï¿½clairer sur les actions envisageables contre l'ï¿½diteur.

ï¿½ Mï¿½pris et brutalitï¿½ sans prï¿½cï¿½dent ï¿½

Dans leur lettre ï¿½ Ursula von der Layen, les quatre associations listent leurs griefs ï¿½ l'encontre de l'ï¿½diteur, comportements rendus possibles par le degrï¿½ de dï¿½pendance des entreprises ï¿½ la technologie VMware (100% des adhï¿½rents Cigref utilisent ainsi ces solutions) : forte augmentation des tarifs, non-respect d'accords contractuels antï¿½rieurs, interdiction de la revente de licences, refus de maintenir les conditions de sï¿½curitï¿½ pour les licences perpï¿½tuelles, passage ï¿½ une logique de bundle entraï¿½nant mï¿½caniquement une augmentation des coï¿½ts ou encore bouleversement de l'ï¿½cosystï¿½me des revendeurs et partenaires.

ï¿½ Le mï¿½pris et la brutalitï¿½ de Broadcom ï¿½ l'ï¿½gard de ses clients sont sans prï¿½cï¿½dent dans l'histoire rï¿½cente de l'ï¿½conomie numï¿½rique en Europe ï¿½, ï¿½crivent le Beltug, CIO Platform Nederland, le Cigref et Voice. Les associations ï¿½valuent ï¿½ une quinzaine de milliards d'euros ï¿½ la ponction financiï¿½re exorbitante, illï¿½gitime et stï¿½rile ï¿½, que Broadcom s'apprï¿½te ï¿½ prï¿½lever sur l'ï¿½conomie europï¿½enne au cours des 24 prochains mois. Et soulignent la difficultï¿½ pour une entreprise utilisatrice de technologies de poursuivre en justice un fournisseur dont elle est extrï¿½mement dï¿½pendante, ï¿½ par crainte de reprï¿½sailles ï¿½.

Une premiï¿½re alerte dï¿½s 2022

Rappelons que, ï¿½ la lueur des prï¿½cï¿½dents rachats de Broadcom (CA Technologies en 2018 et Symantec en 2020), les quatre mï¿½mes associations avaient alertï¿½ dï¿½s 2022 la Commission europï¿½enne sur les risques liï¿½s ï¿½ l'acquisition pour 61 Md$ d'un fournisseur aussi central que VMware. ï¿½ Ces inquiï¿½tudes se sont aujourd'hui concrï¿½tisï¿½es. Leur impact sur les membres des quatre associations est considï¿½rable ï¿½, regrettent aujourd'hui les signataires de la lettre ï¿½ la prï¿½sidente de la Commission.

Publicitï¿½En mars, le CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe), association qui rï¿½unit des hï¿½bergeurs et fournisseurs de service comme AWS, Ecritel, Outscale ou Ikoula, appelait lui aussi les rï¿½gulateurs, les lï¿½gislateurs et les tribunaux de toute l'Europe ï¿½ examiner rapidement les agissements de Broadcom. Au coeur de cette levï¿½e de bouclier, l'annulation unilatï¿½rale des conditions de licence prï¿½existantes pour des logiciels de virtualisation essentiels. ï¿½ Des centaines de produits ont ï¿½tï¿½ retirï¿½s sans prï¿½avis, et les solutions restantes ont ï¿½tï¿½ regroupï¿½es dans le cadre de nouvelles conditions contractuelles, sans aucune modification technique ou dï¿½veloppement de logiciel, ce qui a pour effet d'augmenter injustement les coï¿½ts pour les clients ï¿½, pointait alors le CISPE, dï¿½nonï¿½ant des hausses de tarifs allant jusqu'ï¿½ 1200%.

En complï¿½ment :
- Face au risque Broadcom, la base installï¿½e VMware sort le parapluie

D'une dï¿½pendance l'autre

Sortir de la dï¿½pendance ï¿½ VMware ? C'est ï¿½videmment une option qu'ï¿½tudient nombre de DSI. Mais, pour le Cigref, cette recherche d'alternatives risque fort de les pousser dans les bras d'autres acteurs ultra-dominants, qui ne manqueront pas eux aussi de profiter de leur position : ï¿½ VMware jouant un rï¿½le important sur le marchï¿½ des cloud privï¿½s, les utilisateurs professionnels trouveront des alternatives dans les cloud publics. Cela renforcera encore la position et le pouvoir des hyperscalers, ce qui aura un impact profond sur l'ensemble du marchï¿½ ï¿½, ï¿½crivent le club franï¿½ais et ses homologues belge, nï¿½erlandais et allemand dans leur courrier ï¿½ Ursula von der Leyen. Une faï¿½on de rappeler ï¿½ la Commission le risque qu'elle fait peser sur les utilisateurs en n'ayant pas retenu la qualification de 'gate keeper' pour les gï¿½ants du cloud, dans le cadre du rï¿½glement Digital Markets Act (DMA), datant de 2022.