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Comment l'IA va transformer les r�seaux d'entreprise

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La croissance explosive des applications d'IA est en train de remodeler les r�seaux des datacenters, du Edge et du cloud. Revue de d�tails.

Publicit�Alors que les entreprises mettent toujours davantage d'applications � base d'IA en production, la croissance explosive de la technologie � la fois � la p�riph�rie et dans le datacenter cr�e des demandes en bande passante, des contraintes de latence et de flexibilit� architecturale que les r�seaux traditionnels n'ont pas �t� con�us pour fournir.

Les derni�res donn�es du cabinet d'�tudes Omdia indiquent que l'ensemble du trafic g�n�r� par l'IA - comprenant les nouvelles applications d'IA et les applications dop�es par l'IA - repr�sente 39 exaoctets de trafic r�seau en 2024. Le trafic non li� � l'IA des applications embarquant cette technologie repr�sentait 131 exaoctets, tandis que le trafic des applications conventionnelles pesait 308 exaoctets, selon Brian Washburn, directeur de recherche chez Omdia. Mais, d�s 2025, ces 39 exaoctets de trafic IA doubleront pour atteindre 79 exaoctets, toujours selon le cabinet d'�tudes. Et cette source d'�changes continuera de cro�tre � un rythme bien sup�rieur � celui du trafic conventionnel. En 2031, le trafic provenant de l'IA d�passera le trafic conventionnel, pr�dit Brian Washburn.

Les nouvelles sources de trafic comprennent des cas d'usage tels que les applications bas�es sur le traitement visuel, la surveillance, les nouveaux jeux et m�dias et la g�n�ration de contenu par l'IA. Le trafic des applications am�lior�es par l'IA va des services de transcription intelligente aux r�sum�s de contenu, en passant par l'assistance et la r�vision du code, les analytiques avanc�s, les requ�tes en langage naturel et le filtrage de contenu. Et ces chiffres n'incluent pas les r�seaux enti�rement priv�s tels que ceux des hyperscalers, le trafic on-prem et sur les campus.

Pics lors des phases d'entra�nement

Pour l'ensemble du trafic des entreprises, Zscaler a publi� en mars un rapport montrant une augmentation sans pr�c�dent de 3 464 % de l'activit� issue de l'IA sur une ann�e. Selon ce rapport, au cours des 11 derniers mois de 2024, 3 624 t�raoctets de donn�es ont �t� transf�r�s vers et depuis plus de 800 applications d'IA telles que ChatGPT.

Salesforce, qui a ajout� des capacit�s d'IA g�n�rative et d'IA agentique � sa plateforme de gestion de la relation client bas�e sur le cloud, est l'une des entreprises qui mesure d�j� l'impact de cette technologie sur son architecture r�seau. � Nous constatons une augmentation significative du traitement et du transfert des donn�es, en particulier lorsque nous traitons des jeux de donn�es plus importants pour l'entra�nement des mod�les et l'inf�rence en temps r�el �, explique Paul Constantinides, vice-pr�sident ex�cutif de l'ing�nierie de l'�diteur. Cela se traduit par une demande de bande passante plus �lev�e, de latence plus faible et d'infrastructure r�seau plus robuste. Cette augmentation de l'activit� de l'IA am�nera les entreprises � repenser la mise en r�seau de leurs datacenters, de leurs services cloud, de leurs environnements de p�riph�rie. Et la s�curit� associ�e !

Publicit�La renaissance de la commutation Ethernet

Dans les centres de donn�es, l'IA pose deux types de d�fis diff�rents en mati�re de r�seau. D'abord, il faut consid�rer le trafic entre les GPU individuels et les serveurs lors des phases d'apprentissage des mod�les. � La demande de quantit�s massives de ressources - en particulier de CPU et de GPU - est � l'origine d'une nouvelle zone au sein du datacenter de l'entreprise d�di� � l'IA �, explique Lori MacVittie, ing�nieur et �vang�liste en chef au sein du cabinet de CTO de F5 Networks, bas� � Seattle. � Ces usines d'IA ont des besoins particuliers en mati�re de r�seau li�s � la direction du trafic, qui n�cessitent un r�seau plus intelligent, de nouvelles capacit�s de s�curit� et la gestion de volumes de donn�es plus importants. �

Ce qui passe par de nombreux investissements. � L'IA, et en particulier l'IA g�n�rative, est un moteur de croissance majeur pour la commutation Ethernet des datacenters �, analyse Brandon Butler, directeur de recherche senior pour les r�seaux d'entreprise chez IDC, dans un rapport publi� en mars. Ce qui entra�ne une renaissance du march� des commutateurs Ethernet d�di� aux datacenters, ajoute-t-il. Le cabinet d'�tudes pr�voit une croissance de ce march� de 640 M$ en 2023 � plus de 9 Md$ en 2028.

Les inconnues des flux r�seau de l'IA agentique

En outre, les entreprises commencent � exp�rimenter l'IA agentique. Celle-ci consiste � faire collaborer des agents individuels dot�s d'IA pour ex�cuter des t�ches complexes, cr�er du code ou ex�cuter des workflows entiers. Elle est souvent d�ploy�e sur site ou dans des cloud priv�s afin de r�duire les co�ts et la latence - et pr�server la s�curit� des donn�es de l'entreprise.

Les flux de l'IA agentique devraient �tre radicalement diff�rents du trafic pr�visible et d�terministe cr�� par les applications traditionnelles, bien que la nature exacte de ces diff�rences ne soit pas encore claire. � La mani�re dont toutes ces connexions vont circuler sur le r�seau reste inconnue �, dit Lori MacVittie de F5.

L'IA dans le cloud

Une fois les mod�les mis en production, cependant, le trafic circulera en dehors du datacenter d�di�, entre les mod�les et les utilisateurs finaux. � L'inf�rence n�cessite une connectivit� �tendue et multisite solide, ce qui est diff�rent de la topologie du r�seau d'entra�nement, qui n�cessite des r�seaux locaux denses �, explique Jason Carolan, directeur de l'innovation chez Flexential, une soci�t� bas�e � Charlotte, en Caroline du Nord.

Et la flexibilit� est essentielle, ajoute-t-il. � �tant donn� que de nombreuses applications d'IA sont en mode prototype ou exp�rimentation pendant un certain temps, les connexions r�seau, la topologie et les besoins en capacit� peuvent changer en fonction des nouveaux mod�les, des nouvelles donn�es ou des nouveaux endpoint �, explique Jason Carolan.

Certaines entreprises sont d�j� pr�tes � g�rer le trafic de l'IA, affirme Derek Ashmore, directeur de la transformation des applications chez Asperitas Consulting. Cela s'explique par le fait qu'elles ont d�j� commenc� � s'�loigner des r�seaux Legacy peu flexibles et difficiles � entretenir. Le passage � des r�seaux modernes dans le cloud est en cours depuis un certain temps, note-t-il, et ce mouvement s'est acc�l�r� lors de la pand�mie de Covid. � M�me sans la pand�mie, cette �volution aurait eu lieu, mais � un rythme plus lent �, ajoute Derek Ashmore.

Tout Harry Potter... � chaque requ�te

Or, cette transition pr�pare les entreprises � relever les d�fis de l'IA g�n�rative. Par exemple, les applications d'IA multimodale traitent du texte, des images, du son et de la vid�o, et les requ�tes et les r�ponses peuvent �tre tr�s volumineuses. Ainsi, le dernier mod�le Gemini 2.5 de Google a une fen�tre contextuelle d'une taille d'un million de tokens, et deux millions seront bient�t disponibles. Or, deux millions de tokens repr�sentent environ 1,5 million de mots. � titre de comparaison, tous les livres de Harry Potter r�unis n'en renferment qu'environ un million. Les grandes fen�tres contextuelles permettent des conversations plus longues et plus complexes, ou permettent aux assistants de codage de l'IA d'examiner de plus grandes parties d'une base de code. En outre, les r�ponses de l'IA sont g�n�r�es de mani�re dynamique, de sorte qu'il n'y a aucun moyen de mettre les demandes en cache dans la plupart des cas.

Au fur et � mesure que les �diteurs d'IA se surpassent en termes de capacit�s, leurs applications seront en mesure de g�rer des conversations encore plus importantes - et l'IA agentique pourrait encore augmenter les besoins en bande passante de mani�re exponentielle et impr�visible. Selon Lori MacVittie de F5, n'importe quel site web ou application pourrait devenir une application d'IA, simplement en y ajoutant un chatbot b�ti avec cette technologie. La cons�quence ? Le mod�le de trafic bien d�fini et structur� devient soudainement tr�s diff�rent. � Lorsque vous mettez les interfaces conversationnelles en avant, cela change la nature des flux �, souligne-t-elle.

Un autre d�fi li� � l'IA que les gestionnaires de r�seaux devront relever est li� � la complexit� de multicloud. � Nous assistons � une dispersion des environnements sur des cloud hyperscale, des cloud priv�s et des cloud sp�cialis�s �, observe Zac Smith, ancien cadre d'Equinix et membre de la communaut� de la Sustainable & Scalable Infrastructure Association, bas�e � New York. Par exemple, des entreprises comme CoreWeave proposent des GPU en cloud. Il y a des entreprises de bases de donn�es et des datalake. Il y a des plateformes d'IA fournies par des hyperscalers, et il y a de l'IA fonctionnant on-prem, dans des datacenters en colocation ou dans des cloud priv�s. � Il s'agit de nouveaux environnements, et les gens doivent maintenant r�soudre des probl�mes de connectivit� entre des types de cloud tr�s diff�rents �, explique Zac Smith.

Ce dernier a r�cemment �tudi� les diff�rents paradigmes de mise en r�seau d'Amazon et de Google. � Il y a beaucoup de similitudes, dit-il. Vous pouvez vous connecter � des tiers dans les m�mes r�gions, faire du peering, faire du fabric - mais ils ont tous des fa�ons diff�rentes de le faire et l'ensemble n'est pas normalis�. �

L'IA � la p�riph�rie

Enfin, il y a l'IA � la p�riph�rie, qui pose sa propre s�rie de d�fis en mati�re de r�seau. La latence devient un facteur essentiel, en particulier pour les applications critiques telles que les voitures autonomes, les robots en usine et les appareils m�dicaux.

D'autres cas d'usage en entreprise comprennent les contr�les de s�curit� aliment�s par l'IA pour les cam�ras de vid�osurveillance et le contr�le de la qualit� dans les environnements de fabrication, explique Jason Carolan de Flexential. Un magasin de produits de beaut� pourrait �galement disposer d'une plateforme permettant aux clients d'essayer virtuellement ses produits, ajoute-t-il.

Selon Paul Constantinides de Salesforce, l'IA en Edge n�cessite des capacit�s de traitement plus proches des sources de donn�es afin de r�duire la latence et l'utilisation de la bande passante. Les r�seaux p�riph�riques � faible latence, comme les CDN, sont alors des solutions int�ressantes, ajoute-t-il.

L'IA et la s�curit� des r�seaux

L'IA pose toute une s�rie de probl�mes de s�curit� potentiels pour les entreprises. La technologie est nouvelle et n'a pas encore fait ses preuves, et les attaquants d�veloppent rapidement de nouvelles techniques pour s'attaquer aux syst�mes d'IA et � leurs composants. Ce ph�nom�ne vient se greffer � tous les vecteurs d'attaque traditionnels, explique Rich Campagna, vice-pr�sident senior du management de produits chez Palo Alto Networks. � En p�riph�rie, les terminaux et les r�seaux sont souvent distribu�s, ce qui entra�ne des angles morts en termes de visibilit� �, dit-il. R�soudre les probl�mes en cas d'incident devient d�s lors plus difficile

Palo Alto d�veloppe ses propres applications d'IA, explique Rich Campagna, et ce depuis des ann�es. Il en va de m�me pour ses clients. � Par exemple, j'ai r�cemment rencontr� une entreprise du retail qui est en train de r�organiser ses r�seaux de magasins pour prendre en charge la gestion des stocks aliment�e par l'IA en Edge, illustre-t-il. Il faut s'assurer que, quel que soit l'endroit o� l'actif est d�ploy�, des m�canismes de protection sont en place, aussi pr�s possible de cet actif. �

Et les d�fis en mati�re de s�curit� sont amplifi�s par l'IA agentique, un probl�me que Lori MacVittie (F5) observe d�j�. Par exemple, lorsqu'une entreprise fonctionne sur la base du Zero Trust et du principe de moindre privil�ge, comment g�re-t-elle les identit�s, les donn�es d'identification et les privil�ges des agents ? � Tous les outils traditionnels que nous utilisons pour g�rer les r�les et les informations d'identification ne fonctionnent soudainement plus, souligne-t-elle. Ou alors nous donnons aux agents un acc�s racine, ce qui fait bondir les responsables de la s�curit�. � � mesure que l'IA prolif�re sur les r�seaux internes, le besoin d'une s�curit� plus fine devient critique, ajoute Sanjay Kalra, chef de produit chez Zscaler.

Bloquer le chargement de donn�es sensibles

L'IA pr�sente un autre risque en mati�re de s�curit� : la possibilit� que les employ�s t�l�chargent des donn�es sensibles sur des plateformes ou des applications d'IA publiques. Selon Sanjay Kalra, les entreprises clientes de Zscaler ont bloqu� 60% de toutes les transactions li�es � l'IA. Certaines entreprises d�sactivent tout acc�s aux applications d'IA publiques, tandis que d'autres recherchent des indices indiquant qu'un employ� partage des donn�es financi�res, des informations d'identification personnelles, des donn�es m�dicales ou du code source. Zscaler a bloqu� 2,9 millions de tentatives de chargement de ce type de donn�es sur le seul site ChatGPT. La violation de donn�es la plus courante ? Les num�ros de s�curit� sociale.

Enfin, un autre usage ind�sirable hante ou s'appr�te � hanter les r�seaux d'entreprise : celui qu'en feront les pirates informatiques. Selon l'enqu�te annuelle de Bugcrowd, publi�e en octobre, 86% d'entre eux affirment que l'IA a fondamentalement chang� leur approche du piratage. Il s'agit l� d'une enqu�te men�e aupr�s de hackers � white hat � (chapeau blanc), c'est-�-dire avec une d�marche �thique. Les pirates malveillants ne r�pondent pas aux sondages. Mais ils utilisent �galement l'IA. Selon un rapport publi� en octobre par Keeper Security, 51% des DSI et RSSI affirment que les attaques bas�es sur l'IA constituent la menace la plus s�rieuse � laquelle leur organisation est confront�e.

Les attaquants utilisent ainsi l'IA pour cr�er des spams de meilleure qualit� et en plus grande quantit�, pour deviner les mots de passe, pour faire de la reconnaissance, etc. Face � ces menaces, les responsables de la s�curit� des r�seaux disposent de leur propre IA, les principaux fournisseurs de s�curit� investissant tous massivement dans ce domaine.

Article r�dig� par

Maria Korolov, Network World (adapt� par Reynald Fl�chaux)

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