Bleu et S3NS face au risque de la coupure

Les clouds de confiance le sont-ils vraiment ? Leur d�pendance aux technologies am�ricaines cache, en effet, une faiblesse intrins�que. En cas de rupture transatlantique, combien de temps pourraient-ils continuer � op�rer ? Et comment se prot�ger de ce risque ?
Publicit�� Si, demain, les fournisseurs de technologies am�ricains d�cident de ne plus fournir leurs technologies, ces syst�mes s'effondreront tr�s rapidement. On parle de jours ou de semaines �. Lors de son audition devant la commission d'enqu�te du S�nat, le 27 mai, Guillaume Poupard, actuel directeur g�n�ral adjoint de Docaposte et ancien directeur de l'Agence nationale de la s�curit� des syst�mes d'information (Anssi), a point� du doigt une faiblesse intrins�que des cloud dits de confiance. Ces offres, S3NS et Bleu pour la France, reposent en effet sur des technologies d'hyperscalers, respectivement Google et Microsoft, tout en �tant h�berg�s par des soci�t�s fran�aises, contr�l�es par des groupes hexagonaux (respectivement Thales d'un c�t�, Capgemini et Orange de l'autre).
Certes, le risque d'interruption du service est soulign� par celui qui repr�sente d�sormais les int�r�ts d'une soci�t� qui con�oit une offre cloud concurrente de Bleu et S3NS (avec Numspot, le cloud de Docaposte), mais son analyse est corrobor�e par Vincent Strubel, actuel directeur g�n�ral de l'Anssi, entendu le lendemain par la m�me commission. Si ce dernier confirme que � rien ne s'oppose � � la qualification SecNumCloud de Bleu par exemple - le montage capitalistique permettant notamment de cocher la case de l'immunit� au droit extraterritorial -, le lien avec Microsoft soul�ve d'autres interrogations. � Est-ce que �a remplit un objectif de non-exposition � des d�pendances aux technologies am�ricaines ? Evidemment que non. Est-ce qu'il faut se poser la question de notre d�pendance quasi-exclusive � un certain nombre de technologies ? Evidemment que oui �, a lanc� Vincent Strubel aux s�nateurs de la commission.
La d�fense de Bleu
De fait, cette question a �t� mise sur le devant de l'actualit� avec la coupure de la messagerie du procureur g�n�ral de la Cour p�nale internationale, Karim Khan, suite aux sanctions de Washington � l'encontre du personnel de la CPI. M�me si Microsoft assure ne pas �tre � l'origine de cette suspension des acc�s (voir encadr�), l'�v�nement a suscit� pas mal d'interrogation. � Dans le contexte g�opolitique actuel, qu'on n'imaginait pas il y a quelques ann�es, on se rend compte qu'il peut y avoir des d�cisions politiques extr�mement fortes interdisant la diffusion de technologies �, a soulign� Guillaume Poupard, lors de son audition.
Sollicit� par la r�daction, Jean Coumaros, le pr�sident de Bleu, n'�lude pas le fait que l'hypoth�se d'une coupure de l'acc�s aux technologies Microsoft figure dans l'analyse de risques de Bleu : � ce risque a m�me �t� surpond�r� ces derniers mois, m�me s'il reste extr�mement improbable �.
Publicit�Si un risque syst�mique existe donc, un client sp�cifique de Bleu ne pourrait, lui, pas �tre cibl�, selon Jean Coumaros : � Microsoft n'a pas connaissance de nos clients et des utilisateurs travaillant pour ceux-ci, assure le dirigeant. Admettons que l'administration am�ricaine ait une entreprise europ�enne dans le collimateur, elle n'aurait aucun moyen de savoir si celle-ci est cliente chez nous, ni aucun acc�s � nos environnements. Et l'�diteur n'�tant ni au capital, ni pr�sent au sein de la gouvernance, il ne dispose d'aucune esp�ce de moyen de pression sur notre soci�t�. �
Coffre-fort en Suisse : le dernier recours
Ou plut�t un seul : l'arr�t de toute fourniture des mises � jour, permettant � Bleu ou � son �quivalent allemand Delos de proposer des offres de cloud de confiance sur base de technologies Microsoft. � Dans ce sc�nario, qui reste difficile � imaginer m�me dans le contexte actuel, le service ne s'arr�te pas du jour au lendemain. Je ne pense pas que Bleu pourrait continuer � op�rer ses services pendant des ann�es ou des d�cennies sans mises � jour, mais durant des mois absolument ! �, d�fend Jean Coumaros. Par ailleurs, Bleu rappelle �tre li� � Microsoft par un contrat de 10 ans renouvelable, int�grant la mise � disposition de mises � jour �volutives et correctives dans un sas. � Nos �quipes inspectent ensuite ces mises � jour et en assurent le d�ploiement �, pr�cise Jean Coumaros.
Pour pallier cette hypoth�tique rupture avec ses partenaires europ�ens, Microsoft a annonc�, fin avril, un improbable dispositif de continuit� des activit�s, reposant sur le d�p�t de copies de sauvegarde du code des logiciels de l'�diteur dans un coffre-fort num�rique, en Suisse. � Nous garantirons � nos partenaires europ�ens les droits l�gaux n�cessaires pour acc�der � ce code et l'utiliser si cela s'av�re n�cessaire �, �crit le pr�sident de l'�diteur, Brad Smith, dans un billet de blog. Selon Jean Coumaros, ce dispositif vise pr�cis�ment � pallier toute rupture dans la fourniture des mises � jour, qui finirait par alt�rer les services des partenaires de la firme de Redmond. � Le dispositif est en cours de conception.�Bleu aurait vocation � en b�n�ficier��, dit le pr�sident de Bleu.
Une certification SecNumCloud d�but 2026
Bleu a d�marr� sa phase de prospection et de commercialisation d�but 2024 et vise une certification SecNumCloud 3.2 plut�t au cours du premier semestre 2026, soit un l�ger d�calage par rapport � son calendrier initial qui ciblait plut�t 2025. La soci�t� a valid�, en avril, l'entr�e d'un catalogue de services IaaS, PaaS et CaaS dans le processus de certification de l'Anssi.
Article r�dig� par

Reynald Fl�chaux, R�dacteur en chef CIO
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